Toujours aussi respectueux (Tsuzuku)

Naru n'avait pas grand chose à faire aujourd'hui, sa Reine étant occupée à diriger le royaume. Et lui, ayant déjà passé sa matinée à s'entraîner, ne savait pas quoi faire de son après-midi. Alors qu'il marchait tranquillement, il arriva près des écuries. Pourquoi pas ? Il y entra alors et se mit à nu, mettant ses vêtements dans un coin tranquille. Puis, il échangea son corps avec celui de Bucéphale, l'étalon noir qui partageait son âme. L'étalon était d'un noir aussi sombre que la nuit avec des yeux couleur terre. Il alla dans le pré, avec les autres chevaux. Etre ainsi lui donnait l'impression d'être totalement libre, une sensation qu'il adorait, en plus de celle d'être près de Narsha.

Il se mit à galoper avec les autres chevaux et juments, hennissant de plaisir. Il n'avait rien à penser dans ces moments-là, et c'était un moment privilégié qu'il ne s'accordait que trop peu. Il passait le plus clair de son temps à protéger sa Reine, et le soir, il allait lui servir de conseiller. Même si depuis un moment, il n'était plus seulement ça, surtout lors de la nuit dernière. Naru espérait que le plan de Narsha fonctionne, même s'il n'aimait pas l'idée qu'elle soit dans les bras d'un autre homme que lui. Baissant la tête pour brouter, Naru se disait que s'il était humain, il se serait cogné la tête contre la clôture, pour tenter de faire partir ces sentiments. Ils le rendaient plus fort car il donnait plus que le maximum de lui-même pour sa Reine, mais le rendait faible car jaloux. Et il ne pouvait rien faire pour qu'elle lui appartienne exclusivement. Mais en étalon, quand il était avec d'autres chevaux, il ressentait moins tous ces sentiments destructeurs en lui. Il ne pensait presque plus qu'au moment présent.

Tsuzuku avait passé une bonne nuit. Rien de mieux que son lit pour bien dormir. Cependant, le réveil fut bien plus brutal. Un mal de crâne phénoménal lui prenait la tête, ce qui le fit légèrement grogner de douleur. Puis, il se rendit compte qu'il était dans son monde. Dans son palais. Sa place. Sa vraie place. Celle qu'on lui avait prise de force sans qu'il n'ait le droit de se défendre. Ensuite... Il la vit. Son bras était toujours autour de sa taille. Elle était nue... Son sang se glaça sur place, comprenant ce qui avait bien pu se passer. Bien qu'il ne s'en souvienne absolument pas. Mais le simple fait de savoir qu'il était nu lui aussi lui mettait la puce à l'oreille. Elle n'avait pas osé faire ça ? Si...? Apparemment si ! Et une nouvelle vague de haine s'empara de son être, si bien qu'il avait envie de prendre un poignard, là, tout de suite et de la tuer immédiatement. Cependant. Elle ne méritait pas un tel châtiment de sa part. Elle devra souffrir autant que lui. Autant que ce qu'elle lui avait fait. C'est alors qu'il décida de partir sans rien dire, lui laissant juste un petit mot menaçant sur l'oreiller. Ce dernier traduisait ses intentions réelles.

Sortant du lit ensuite, il se retint de pousser un cri de douleur. Il se rendait seulement compte de la morsure qu'il avait à la jambe. Shi avait dû être l'auteur de cette dernière, peut-être pour le réveiller un peu. Le brun chercha ses vêtements et se rhabilla bien vite avant que Narsha en fasse autant. Tsuzuku ordonna à son serpent de le suivre et il quitta la chambre sans faire un seul bruit. Quand il le voulait, le roi était un vrai fantôme. Il remit sa cape sur son dos, puis sa capuche pour éviter qu'on ne le reconnaisse. Shi grimpait sur lui le temps qu'il gagne l'extérieur. L'homme de l'ombre devait retourner aussi auprès de Miyaki. Cette dernière devait s'inquiéter à mort. Il lui avait laissé un mot, mais ce ne serait pas suffisant pour lui expliquer ce qu'il c'était passé. D'ailleurs... Il s'en dégoutait bien assez comme ça. En tout les cas, il lui fallait un moyen de transport. Son cheval à lui. En espérant qu'ils ne l'ont pas fait abattre ou qu'ils ne l'aient pas vendu. Rien qu'à cette pensée, le brun soupira longuement.

Discrètement donc, il parcourut le chemin jusqu'aux écuries, histoire d'y retrouver son cheval. Et déjà, d'entrée, ça sentait pas bon. Des fringues par terre... Il les reconnaissait en plus... Ca faisait des lustres qu'il ne l'avait pas vu, mais ne désirait pas plus que ça le voir. Tsuzuku serait bien loin d'être clément. Oh non, pas du tout même. En bref. Il se fichait pas mal de le voir là ou non. Il avait besoin de son cheval, un point c'est tout. Il le retrouva d'ailleurs sans mal et se mit en quête de trouver sa scelle et tout ce qu'il lui fallait pour bien l'arnacher. Dos à la porte, il ne savait pas qui entrait ou sortait.